La mastication correspond à l’action de broyer les aliments avec nos dents. De cette manière, ces derniers sont réduits en fins fragments et imprégnés de salive.
Le rôle phare de la mastication est de briser en morceaux les aliments. De cette manière, le travail des enzymes sera facilité puisqu’elles auront un meilleur accès, avec une plus grande surface de travail, aux aliments.
Des enzymes sont présentes dans la salive comme l’amylase salivaire qui agit notamment sur la digestion de l’amidon des aliments.
Le fait de mâcher envoie des signaux au reste de l’organisme afin de le préparer au mieux à la réception du bol alimentaire notamment par la sécrétion d’hormones telles que l’insuline.
Mâcher permet aux muscles du crâne de se renforcer, de rester toniques. De plus, lors de la mise en place de la dentition, une bonne mastication favorise le développement d’une dentition de qualité.
Le plaisir gustatif est augmenté par une bonne mastication. En effet, broyer les aliments permet d’en extraire davantage les saveurs.
Il est intéressant de noter que la salive a également un rôle à jouer dans l’hygiène buccale. De fait, sa composition permet de neutraliser certaines bactéries et ainsi de contribuer à une bonne hygiène en limitant par exemple la formation de caries ou d’autres lésions.
Notons également qu’une bonne mastication est le seul moyen d’extraction efficace des polyphénols. En effet, ces composés sont enfermés dans une cellule de cellulose, non-digestible par notre organisme. Ainsi, pour jouir des bénéfices des polyphénols, détruire cette membrane est indispensable.
La prise alimentaire, dès son arrivée dans le haut du tube digestif (la bouche), va déterminer la qualité du reste de la digestion :
Manger lentement (prise alimentaire lente puis mâcher lentement) → ingestion de petits morceaux d’aliments dans l’estomac → meilleure dissolution et des fragments de taille réduite dans les intestins → moins de bactéries de putréfaction (qui sont un facteur inflammatoire) → protection contre la dysbiose.
Illustrons ces étapes à l’aide d’un exemple :
Prenons un morceau de viande. Au moment de son ingestion, si l’individu mange rapidement, il ne prendra pas le temps de le mastiquer correctement. Dans ces conditions, des morceaux non-mâchés arriveront dans l’estomac. Ce dernier peinera à réduire sa taille et à atteindre son centre pour y éliminer les bactéries présentes (grâce aux sucs gastriques). Alors, le bout de viande encore partiellement contaminé passera dans le duodénum. Il n’y a normalement que peu de micro-organismes à cet endroit de l’intestin. Les bactéries arrivant ici vont proliférer et provoquer une dysbiose. Cependant, admettons que ce morceau de viande aille plus loin dans le tube digestif et arrive au niveau du gros intestin. Si l’aliment se fixe sur la plaque mucoïde, il y aura une forte concentration de bactéries putréfiantes à un seul endroit. Cela engendrera alors une dysbiose et bien d’autres problèmes.
Nous venons de le voir, il découle de nombreuses choses de la façon dont on mâche. Lorsque celle-ci n’est pas soignée, elle peut induire des complications, notamment au niveau du système digestif, telles que :
Au moment d’avaler la nourriture, celle-ci passe par l'œsophage pour arriver dans l’estomac. Le péristaltisme permet au bol alimentaire d’atteindre ce dernier. Quand il reste de trop gros morceaux, que les bouchées sont trop importantes ou trop rapprochées, on observe une résistance au niveau du Sphincter Inférieur de l’Oesophage (SIO). Cela va détendre le hiatus et favoriser le reflux gastrique… De même, manger trop vite mène à l’ingestion d’un bol alimentaire trop important. Le contenu de l’estomac va alors exercer une pression sur le SIO et favoriser les RGO.
Un étude chinoise (2019 ; >1500 personnes) a montré que le comportement hygiéno-diététique influençant le plus les épisodes de reflux étaient le fait de manger rapidement. On observe notamment une augmentation de 40 % des épisodes de RGO après un repas rapide.
Comme nous l’avons évoqué dans la partie précédente, manger lentement a un rôle important dans la qualité de la digestion. En effet, de cette façon, la nourriture arrive en plus petits morceaux dans l’estomac, puis dans les intestins. Le chyme est mieux libéré des bactéries de putréfaction et les intestins sont mieux protégés de la dysbiose par les bactéries de putréfaction, facteur aggravant l’inflammation.
Les aliments mal digérés, en règle générale, vont avoir tendance à fermenter dans le tube digestif. Se protéger de la dysbiose permet donc un meilleur confort digestif en limitant les ballonnements, les flatulences, les diarrhées et la constipation.
Maintenant que vous comprenez mieux l’ensemble des intérêts qu’il y a à manger plus lentement, voici 2 astuces pour y parvenir et aider vos patients à atteindre leur(s) objectif(s).
Mâcher est un automatisme qui s'acquiert durant l’enfance. Pour modifier ce dernier, il va falloir réapprendre à manger, conscientiser l’action. Pour ce faire, il est nécessaire de veiller à s’asseoir face à son assiette sans aucune source de distraction (ni télévision, ni lecture, etc.). Puis, il est important de se concentrer sur chaque bouchée et sa mastication pour ne l’avaler qu’une fois réduite en purée. L’opération est à répéter tout au long du repas. Avant qu’un nouvel automatisme ne se mette en place, il faudra compter plusieurs semaines.
Si un repas doit être pris dans un temps réduit, il est préférable de consommer les aliments sous forme de purée ou en petits morceaux.
Si vous souhaitez approfondir vos connaissances et en apprendre davantage sur ce sujet indispensable, nous vous invitons à rejoindre le module "Pleine conscience et TCA - MindEat" de SmartDiet Académie.
Des outils existent pour aider à la mise en place de ces nouveaux automatismes. La fourchette SlowControl est une solution pour manger lentement facilement. Elle a déjà obtenu un prix technologique en 2013 (prix électronique) et deux prix médicaux en 2015 et 2018 (respectivement : prix en diabétologie et prix en chirurgie digestive). Cette technologie a été créée par Jacques Lépine, ingénieur, avec l’aide de nombreux médecins et décideurs.
Rester en pleine conscience peut s’avérer compliqué. La fourchette SlowControl aide l’utilisateur à se recentrer sur son repas par des vibrations légères lorsque les bouchées sont trop rapprochées. Des signaux lumineux discrets guident également les personnes pour savoir s’il faut encore attendre avant la prochaine bouchée. Vous pouvez retrouver une présentation plus détaillée de cet outil dans la formation “Motif de consultation : Troubles digestifs” de SmartDiet Académie.
Maintenant que vous connaissez l’existence d’outils pour aider vos patients à manger plus lentement et que vous savez quelles sont ses fonctions, ses conséquences et son importance, vous avez toutes les clés pour les accompagner sur la voie du meilleur confort digestif !
https://www.slowcontrol.com/les-bienfaits-de-la-mastication.html
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23755114/
https://www.passeportsante.net/fr/Communaute/Blogue/Fiche.aspx?doc=pourquoi-mastiquer
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23181989/
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19328258
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21288377
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23718119
https://www.ahajournals.org/doi/abs/10.1161/circ.136.suppl_1.20249
https://www.slowcontrol.com/perdre-du-poids.html
https://doctonat.com/mastication-digestion/
Pourquoi cela est-il si efficace facilement - Slow Control
Les personnes souffrant de Troubles du Comportement (ou des Conduites) Alimentaire(s) (TCA) sont très spéciales et leur prise en charge également. En tant que diététicien.ne nutritionniste, il est primordial de savoir prendre en charge ces particularités et maîtriser des outils tels que l’alliance thérapeutique, l’écoute active, l’entretien motivationnel ou encore d’utiliser des supports adaptés aux Thérapies Cognitivo-Comportementales (TCC : thérapies courtes qui se concentrent sur l’instant présent par des exercices axés sur des symptômes observables via le comportement).
Pour accompagner au mieux les patients lors d’une prise en charge diététique, comprendre la régulation du comportement alimentaire est primordial. Différents leviers entrent en jeu dans cette dernière : le contrôle homéostatique, le contrôle cognitif et le contrôle psychosensoriel.
La recrudescence des Troubles du Comportement Alimentaire (TCA) suite à la pandémie de Covid-19 rend primordiale l’information des professionnels de santé et notamment des diététicien.ne nutritionniste sur les TCA. Pour cela, il nous semble important de partager avec vous quelques faits importants sur les TCA.